Pour tout vous dire, j’ai acheté ce livre sans lire le synopsis, je fais assez confiance à Ring pour recevoir une salade de phalanges quoi qu’il arrive… Je pensais qu’il s’agissait « simplement » d’une œuvre tournant autour du tueur en série Ted Bundy. Je m’en serais largement contenté, mais on tombe en fait dans un récit beaucoup plus vaste et infiniment plus profond. ⚫
Je ne pouvais être qu’attiré par les 2 sujets traités, à savoir, l’histoire de Ted Bundy le tristement célèbre tueur en série américain et l’histoire d’un professeur anonyme de physique condamné au goulag dans l’URSS de 1933. Mélange de document historique et criminel, de thriller, de philosophie , de physique, de spirituel etc… Tu prends ces ingrédients, tu mixe, tu laisse mijoter et tu obtiens une soupe aussi fascinante qu’ inattendue… ⚫
On peut être un peu déconcerté par l’approche et le traitement de l’auteur qui mets en parallèle deux époques et deux contextes aussi différents mais c’est ce qui fait la force de ce livre. Un lien invisible existe pourtant entre eux.. Mais lequel ? Comme une victime piégé entre la faucille de Staline et le marteau de Bundy, on est balloté dans l’absurdité humaine de la barbarie aveugle quel que soit la temporalité et le lieu. L’idée étant de trouver, s’il peut en avoir une, la genèse du mal. ⚫
Dans le couloir de la mort, Ted raconte au prêtre venu recueillir ses dernières paroles, des souvenirs qui ne semblent pas être les siens, et provoque au passage l’homme d’église par la rhétorique avant de recevoir la décharge fatale. ⚫
L’histoire du professeur russe et de ses malheurs sont d’une tristesse et d’une absurdité infinies, jugé coupable et condamné par un système aussi aveugle qu’arbirtaire. Une scène m’a marqué plus que les autres, le dialogue qui a lieu dans le train de déportés entre lui et un vieux juif, fait la bise aux abysses de par sa profondeur, son humanité et sa lucidité. Son compagnon d’infortune est d’une immense sagesse et a réussi à déclencher chez moi une erreur 404, depuis je continue de cogiter à ses paroles. Bien sûr, chaque scène et chaque dialogue sont mémorables, inspirent ou dégoûtent c’est selon.. La femme et le fils du pr Timofey, jugés par filiation, essaient de fuir également la répression soviétique. ⚫
Récit d’une dictature à la 1984, sauf qu’ici on assiste à un despotisme fou qui a vraiment existé et qui est aujourd’hui quasiment occulté ou excusé dans le pire des cas. C’est un roman que je ne conseillerais jamais assez aux lecteurs que vous êtes. Au delà de l’histoire d’un ou deux hommes, il s’agit de vies de millions d’hommes et de femmes torturés, exilés, déportés, abattus, chacun devenus anonymes dans la masse. Raflés plus pour remplir des quotas aberrants que ? pour arrêter de réels opposants politiques. Il s’agit également de notre rapport au monde, à la place qu’on y occupe en tant qu’humains. Ce bouquin marque et se lit trop vite malheureusement, on aimerait rester dans cette bulle que nous offre Pierre Rehov grâce à son écriture impeccable. Lisez le et osez me dire qu’il vous a laissés indifférents, que je vous traite de menteurs.. Pour moi un indispensable de cette année. L’internationale sera le genre inhumain…
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